Il était une fois un poème avec des yeux, un nez, un sourire.

Il était une fois un enfant.

C'est souvent ainsi que ça commence. D'abord on est tout poésie (rappelez-vous), on ne sait pas ce que c'est (et d'ailleurs qu'est-ce que c'est?), c'est nous.
Les enfants ne sont pas tous poètes, les enfants sont la poésie. Surtout les tout petits, ceux pour lesquels "il faut une loupe ou un cœur de mère pour les voir" (JPR Intimité du Christ).
Plus tard, la poésie c'est un monde familier. Quel enfant s'étonnera qu'un clin d'œil se transforme en étoile filante?
Mais petit à petit elle rentre dans les cahiers d'école, on prend un peu ses distances. Si la transition se passe bien, la complicité entre l'enfant et la poésie sera durable; il est même de grandes chances qu'à l'adolescence on flirte en cachette avec elle, et il arrive même qu'on ne la quitte plus jamais.
Sinon, alors sinon il faut la ré apprivoiser, c'est plus difficile (mais pas impossible, rassurez-vous...) C'est pour cela qu'il est si important d'alimenter l'étincelle avant qu'elle ne s'éteigne, de rappeler aux enfants qu'apprendre par cœur c'est apprendre avec son cœur, c'est mettre dans son cœur des mots de toutes les couleurs pour quand il a froid. Il faut faire passer le message aux enfants qui grandissent :
"Enfants, ne fermez pas les portes de votre imagination, les serrures rouillent trop facilement. Enfants, prêtez-nous vos mots, prêtez-nous vos rêves! "
